Boualem Sansal doit être libéré. Nous ne pouvons accepter qu’un écrivain soit détenu pour ses idées ou pour ses propos. Je le dis clairement : nous dénonçons et nous combattons les idées de Boualem Sansal qui s’appuient et propagent le fantasme réactionnaire du grand remplacement et la peur d’une prétendue islamisation, ce que l’extrême droite ne manque jamais de saluer. Mais un principe reste un principe et nous ne transigeons pas avec les libertés fondamentales. Nous demandons donc sa libération.
Cependant, la résolution que nous examinons aujourd’hui ne se contente pas de demander la libération de Boualem Sansal. Sous couvert de défense des libertés fondamentales, elle attise les tensions politiques entre la France et l’Algérie en mentionnant des arguments purement politiciens, comme le fait de vouloir soumettre l’Algérie à un certain nombre de conditions pour poursuivre le partenariat entre l’Algérie et la France ou l’Algérie et l’Europe. Cette résolution ne fait donc rien d’autre que nourrir la surenchère médiatique et politique engagée par le gouvernement, notamment le ministre Retailleau, et par l’extrême droite.
C’est pourquoi nous proposons un amendement de réécriture qui supprime toutes les mentions à visée politicienne pour s’en tenir, indépendamment de toute tentative d’instrumentalisation, à appeler à la libération immédiate de Boualem Sansal au nom de la liberté d’opinion et d’expression, garantie par la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Tout le reste ne fait qu’ajouter de l’ambiguïté, de l’escalade, de la surenchère et rend vaine une telle proposition.
Nous refusons catégoriquement l’engrenage mortifère. Le dialogue avec Alger est déjà fort abîmé. Que gagnerait-on à le rompre complètement ? Certainement pas la libération de Boualem Sansal.